Comme beaucoup de professionnels du secteur, Hélène Cheguillaume multiplie les casquettes. Actuellement coordinatrice du Pôle de Création Partagée (ou Ateliers PCP) — un espace de production artistique situé à Saint-Nazaire et propulsé par l’association APO33 — elle ne délaisse pas pour autant ses premières amours : le commissariat d’exposition et l’écriture. Elle nous parle de son parcours, de la nécessité des ateliers d’artistes, et du besoin de se remémorer pourquoi on fait les choses.
Peux-tu nous présenter les Ateliers PCP ?
Ce sont les anciens bureaux de la DDE. Le bâtiment ne convenait plus et en attente c’est devenu des ateliers d’artistes via un appel à projet lancé par le département, et remporté par l’association nantaise APO33. Les Ateliers PCP ont ouvert leurs portes en 2014, et j’ai rejoint le projet en tant que coordinatrice en 2017.
Quel est ton parcours ?
J’ai fait des études d’histoire de l’art à Nantes et un mémoire sur la sculpture publique à Saint-Nazaire en 2005 ; puis un second mémoire sur la sculpture de l’artiste François Morellet. Ensuite, j’ai fait de la médiation, j’ai été responsable pédagogique, j’ai travaillé dans des galeries d’art. Enfin, j’écris pour des catalogues d’exposition et des livres d’artistes et je fais du commissariat en freelance depuis plusieurs années, déjà avant de rejoindre les Ateliers PCP. Mon temps-partiel à APO33 me permet de poursuivre ses activités en parallèle.
Les Ateliers PCP proposent avant tout des ateliers. Pouvoir bénéficier d’espaces de travail, c’est un défi pour les artistes ?
Oui, je pense sincèrement qu’il faut multiplier les atelier d’artistes et toujours repenser ce qu’est un atelier. Un atelier c’est un espace de travail, de stockage, mais pas seulement. Il y a autant de besoins qu’il y a d’activités artistiques. Beaucoup d’artistes viennent s’installer à Saint-Nazaire et ses alentours pour les ateliers. Il faut donc les multiplier et mieux les penser : beaucoup sont de grands hangars avec d’importantes variations de température, ce qui n’est pas adapté au travail d’un artiste ou à la conservation de ses travaux. C’est aussi des endroits qu’il faut animer et faire vivre.
Justement comment s’articulent les temps d’animation et d’ouverture au public ici aux Ateliers PCP ?
Les Ateliers PCP c’est avant tout un espace de travail et de production. Au delà de mes missions administratives — le « recrutement » d’artistes via appel à projets puis la gestion du quotidien — j’anime en effet ce lieu via une programmation ponctuelle, ce qui n’était pas du tout l’objectif de départ car nous ne sommes pas un lieu d’exposition. Je propose donc parfois à des artistes d’intervenir, qu’ils aient leur atelier ici ou non. On a le droit à cinq ouvertures au public par an. Les voisins du PCP sont en demande mais l’idée c’est aussi de laisser aux artistes l’espace de travailler, la tranquillité. Ils sont là pendant deux ans, au final c’est très court. A peine le temps de s’installer et de prendre ses marques, ça passe très vite.
En termes d’ateliers d’artistes, y a-t-il des initiatives qui t’inspirent ailleurs ?
Les ateliers-logements par exemple, mais il y en a encore trop peu en province… Les ateliers-logements sont un peu à double-tranchant cela dit. Pour quelle durée les artistes pourront-ils en bénéficier et que se passe-t-il après ? Aux Ateliers PCP, dès que les artistes arrivent on discute énormément de l’après. On peut faire un parallèle avec les études en école d’art où les artistes se retrouvent comme lâchés dans la nature. La production et l’organisation du travail d’artiste n’a rien à voir avec celui du reste de la société. On manque réellement de formations sur ce sujet. Heureusement, des initiatives — au niveau local en tout cas — se déploient, je pense notamment au Pôle des Arts Visuels ou à l’AMAC.
Une leçon professionnelle que tu as retenue de ta pratique ?
Toujours revenir à ma passion : l’art, la découverte de nouvelles pratiques et le rapport humain. Dans des métiers comme ceux-là c’est important de garder en ligne de mire ce pourquoi on fait les choses et de ne pas se laisser déborder par d’autres enjeux plus politiques.
Les Ateliers PCP ouvriront leurs portes au public le 16 et 17 juin prochain. Pour l’occasion une programmation de performances variées sont organisées. Elle inclura les artistes résidents mais également des artistes invités.