Chercheur et entrepreneur — CEO et fondateur de Mogees
Bruno Zamborlin est un chercheur et un entrepreneur spécialisé en technologie et création musicale. En 2013, il crée Mogees, un capteur permettant de transformer n’importe quelle surface en instrument de musique.
Aujourd’hui à la tête de sa propre startup, il partage avec Artizest les dessous de son métier, la réalité des startups créatives et quelques conseils pour se lancer.
Comment définis-tu ton travail actuel ? À quoi ressemble ta journée type ?
Je suis CEO de Mogees, une petite startup de 10 personnes dédiée à la technologie musicale ou music-tech. J’arrive généralement au bureau vers 9h30 le matin, et je suis toujours le dernier à partir.
Ma journée type varie énormément. En ce moment je suis en mode « recherche de financements » ; donc je passe la moitié de mon temps à rédiger des business plans et des plans de financement, à parler avec des investisseurs, à me rendre à des événements et des soirées professionnelles. Mais en mode design, c’est totalement différent. On passe énormément de temps à discuter et à échanger autour du produit, à le tester, à jouer avec et à le modifier. Cette partie design est ma préférée dans mon travail actuel ; c’est aussi celle dans laquelle je suis le plus efficace. Enfin, j’assure beaucoup de gestion de projet, une tâche pour laquelle j’utilise le logiciel Trello. C’est un outil vraiment pratique pour gérer la communication interne et vérifier que tout le monde est sur la même page.
Comment es-tu arrivé à ce poste ? Quel a été ton parcours ?
J’ai fait un doctorat en Art et Sciences de l’informatique entre l’IRCAM à Paris et l’Université de Goldsmiths à Londres. À la fin de ma deuxième année, j’ai publié une petite vidéo de mon projet (Mogees) et elle est devenue virale. J’ai eu beaucoup de vues, beaucoup de presse, et beaucoup d’attention. J’ai pris la décision de créer une entreprise pour donner vie à ce produit, être capable de le manufacturer et de le distribuer.
J’étais encore doctorant quand j’ai créé mon entreprise. J’ai rassemblé des fonds avec l’aide de ma famille, de mes amis et de quelques fous ! J’ai terminé mon doctorat et j’ai lancé notre première campagne pour Mogees sur Kickstarter. Depuis la création de Mogees et au cours de nos diverses campagnes, nous avons réussi à rassembler 1,5 millions de livres sterling. Nous avons lancé notre premier produit en novembre 2015 et nous sommes sur le point de commercialiser le second.
Si tu n’étais pas à la tête de Mogees, que ferais-tu aujourd’hui ?
Un post-doc bien sûr ! D’ailleurs je n’ai pas totalement exclu cette possibilité. Je le ferai peut-être un jour.
Le meilleur conseil qu’on t’ait donné ?
Il y en a eu tellement ! Un qui me reste serait « apprend à tempérer tes émotions ». C’est important de n’être jamais trop excité d’une bonne nouvelle ou, à l’inverse, trop triste d’une mauvaise parce qu’elles ne seront jamais aussi bonnes et aussi mauvaises que ce que l’on pense. Mes débuts ont été une série d’ascenseurs émotionnels. J’ai appris à être plus posé.
Quel conseil donnerais-tu à ceux souhaitant créer une startup ?
L’ hyper médiatisation des startups peut être trompeuse. En effet, il faut garder à l’esprit que 90% des startups échouent pendant ou après leur première année. Les médias ne vous présentent que les 10% qui réussissent et vous font croire que tout est possible, que tout est facile et que toute notre génération va devenir riche. C’est faux. C’est même le contraire.
Mon conseil, ou plutôt ma question, est la suivante : êtes vous sûr de vouloir vous lancer dans une startup, ou votre désir est-il motivé par le fait que les médias vous assènent que c’est le truc tendance ? Je pense qu’il est important de mentionner la dure réalité que représente le fait de monter sa startup. C’est un investissement colossal en termes de finance, d’énergie et d’idées. Il faut vraiment être passionné et ne pas prendre l’exercice à la légère. Un projet n’est pas une startup, une idée n’est pas une startup, même un produit ne représente pas une startup. Ne sous-estimez pas le travail que cela implique de transformer une idée en prototype, puis en produit, puis en entreprise. Toutes ces étapes demandent des années de travail et des millions d’investissement.
En conclusion, il faut être honnête avec soi-même et conscient de ses motivations à commencer une startup. Je conseillerais aussi de ne pas se lancer seul. C’est important d’être un noyau de deux ou trois fondateurs pour pouvoir partager les moments de stress et de succès.
Un rêve professionnel qu’il te reste à réaliser ?
Voir un Mogees dans toutes les maisons. Donner un accès à la musique à tous, et pas seulement à ceux qui ont déjà les moyens, financiers ou sociaux, de se l’offrir.
Bruno Zamborlin a récemment donné le discours d’ouverture du European Maker Faire qui s’est déroulé à Rome les 14, 15 et 16 octobre dernier. Vous pouvez retrouver sa présentation TED ci-dessous, et visiter le site de Mogees ici.